VISSI D’ARTE

Le cadre intimiste du Théâtre Au Vieux Balancier convient à merveille au sujet de la

pièce « VISSI D’ARTE ». Le public est accueilli comme un visiteur qui vient voir la

maîtresse de maison, en l’occurrence Maria Callas.

Au fur et à mesure, dans la pénombre du salon, la magie du théâtre opère.

L’émotion devient palpable, renforcée par les nombreux extraits d’opéra

(Vidéo de LA TOSCA de PUCCINI (vidéo, chant et musique de VISSI D’ARTE),

Chant et musique de MADAME BUTTERFLY de PUCCINI (UN BEL DI

VEDREMO) … qui rythment la pièce et font revivre la cantatrice tragédienne en de

précieux instants.

Maria Callas, c’est la prima donna assoluta. Elle chantait l’opéra mais sa

vie toute entière était un opéra, une vie de sacrifice à son art et d’amour absolu et

malheureux.

Ce spectacle permet de découvrir la face cachée de la gloire et s’offrir un moment

de plaisir musical et théâtral. La voix de Maria Callas répond en écho au

récit des souvenirs de Bruna, sublime, brillante dans ses aigus, bouleversante dans ses

graves restés inégalés, vibrante de passion, enivrante, éternelle.

Une très vieille dame nous ouvre la porte et nous précise que "Madame va

arriver ". Madame, c'est la Callas, la prima donna assoluta ; la très vieille dame,

c'est Bruna, la gouvernante qui a passé presque toute sa vie à son service.

Mais ce service exclusif, Bruna l'a occupé comme on entre en religion. Même

les amoureux de Bruna n'ont pas fait le poids face à la fidélité de la

gouvernante pour sa maîtresse, à l'écrasante personnalité. Maria qui a dédié sa

vie au bel canto, elle aussi pratiquante d'une religion dévorante : la musique et

la passation des sentiments sur scène. Maria qui a aimé passionnément

Aristote Onassis, cet armateur flamboyant et tyrannique, pour son plus grand

bonheur et pour son immense malheur.

Inspiré d’épisodes réels de la vie de Maria Callas, le texte de Roberto

Alessandro est un très beau monologue original. Dans la mise en scène fluide

et discrète d'Ilza Prestinari, la jolie comédienne compose et interprète Bruna

avec une science époustouflante, en révélant tout son talent. Le jeu d’Elena

Bermani fascine ; cette belle italienne se transforme formidablement en vieille

dame, sait nous emmener, telle une vision fantomatique, dans le partage d’un

destin extrêmement touchant.

Pour les inconditionnels de la Callas, c’est un pèlerinage, pour ceux qui

n’auraient pas été touchés par la grâce de cette voix, de cette femme hors

normes, ce sera peut-être une révélation et le début d’un culte.